Visions ambivalentes de la démocratie
Rien de très philosophique malgré le titre, rassurez-vous. Je souhaite juste montrer comment on peut, à partir du même bon sentiment de défense de la démocratie, avoir deux visions très opposées.
A ma gauche : Le Monde Diplomatique d'août 2006 qui titre "Le Mexique fracturé" (Ignacio Ramonet)
A ma droite (en tout cas moins à gauche) : Le Monde du 15 août 2006 qui titre "La démocratie mexicaine en otage" (Enrique Krauze)
Le Monde Diplomatique : "La victoire de M. López Obrador (le tribunal électoral tranchera le 6 septembre prochain) aurait des conséquences géopolitiques trop importantes. Dont ne veulent ni le patronat ni les grands médias mexicains. Ni Washington. A aucun prix. Quitte à sacrifier la démocratie. Mais M. López Obrador et le peuple mexicain n’ont pas dit leur dernier mot".
Le Monde : "André Manuel Lopez Obrador (AMLO), c'est la naissance de la bête dictatoriale. Voilà un film que le monde a déjà vu et revu. Un homme sourd à la vérité objective entend prendre en otage la démocratie mexicaine et, à moins d'obtenir la rançon demandée, mettre le feu au pays. Mais dans une démocratie, la décision ne revient ni aux torches enflammées, ni aux comités de salut public, ni aux chefs illuminés : elle revient au vote citoyen et à l'état de droit".
Pour l'un AMLO est un grand défenseur de la démocratie, la contestation des résultats est quasi héroïque. Pour l'autre au contraire, en contestant les résultats, AMLO présente les symptômes d'une dérive dictatoriale cette fois bien éloignée de toute préoccupation démocratique.
Tout cela m'inspire une simple remarque : c'est paradoxalement en voulant s'approcher de la vérité qu'on tourne le dos à cette même vérité. L'accroissement du stock d'informations induit l'accroissement des contradictions, qui lui même induit les pistes de recherche et accroît la relativité de la vérité. Tissez des liens entre connaissances, entre informations et vous vous relèverez le défi de la complexité du système.